Pourquoi interpréter le texte?


 Isaac Alfassi

Abrégé du Talmud BNF

Le judaïsme repose sur un enseignement écrit ou Torah écrite, et un enseignement oral ou Torah orale, littéralement "la loi qui est sur la bouche", qui devient le Talmud et le Midrach et certains textes de la Kabbale de l'époque talmudique. La Torah sous ses deux aspects est l'élément central de la vie juive, de la pratique et de l'étude.
La Tradition doit être comprise non seulement comme action de réception et de transmission, mais aussi comme création du sens. Cette "création" est en soi une forme de Révélation, qui n'est pas seulement dans la réception de la Parole révélée mais dans son renouvellement. Dans la conception talmudique de l'interprétation, le Texte est indéfini, ouvert à des interprétations toujours nouvelles, son sens demeure polyvalent, il n'est garanti par aucune encyclopédie. 
Les interprétations les plus diverses, philosophiques, symboliques, linguistiques, psychanalytiques, psychologiques, sociologiques, politiques, etc. n'épuisent à elles seules qu'une partie des possibilités du Texte, celui-ci demeure inépuisable et ouvert, et la Révélation est Révélation continuée. Le texte est en lui-même achevé, pas une lettre ne peut manquer, pas une lettre supplémentaire ne peut s'introduire et, malgré cet achèvement, il est ouvert à l'infinité des interprétations, le verbe est "comme le marteau qui frappe le rocher en faisant jaillir d'innombrables étincelles."
L'interprétation n'est pas seulement perception, elle est constitution du sens. Il n'y a pas un sens vrai du texte qui est révélé par l'interprétation, mais il y a une interprétation vraie d'un texte. Et la vérité n'est pas adéquation à quelques présignifications déjà existantes mais elle réside dans "l'ouverture à...".
Selon une expression de Lévinas, le "pouvoir dire" du texte est toujours supérieur à son "vouloir dire"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Liste des Questions