Quelle est la position du Judaisme face a l 'Adoption?

 
 Nelly Kahloun

" Quiconque élève un orphelin dans sa maison doit être considéré, selon les Ecritures, comme si cet enfant était né de lui " . 
Mais au lieu de parler d’adoption, les rabbins ont développé une Institution ressemblante, qu’ils désignent comme l’institution de « la personne qui élève l’enfant d’un autre ». 
Au lieu de parler de « parent adoptif », le terme de « parent d’accueil » est employé. Le fait de recueillir un orphelin et de l’élever comme le sien est encouragé et considéré comme une Mitsva (bénédiction). 
Les rabbins ont mis en place, à travers le Talmud et la Halakha, de nombreux instruments permettant d’aboutir à des solutions proches d’une véritable adoption, tant sur le plan familial et affectif, que sur le plan social, patrimonial et successoral. L’important demeurant le bien-être et l’intérêt de l’enfant
Le statut personnel de l’enfant adopté n’est pas modifié en raison de sa seule adoption, l’enfant adopté doit être converti.. Cette conversion est temporaire et l’enfant sera libre soit de confirmer cette conversion lors de sa Bar-Mitzva soit de l’annuler. La conversion se fait en deux étapes, le garçon doit être circoncis et tout comme la fille immergé dans un Mikvé (bain rituel)


Le judaïsme permet-il le don d’organe pour une transplantation ?

Don d'organes


Le don d’organe après un décès relève du principe fondamental de pikoua’h néfèche, c’est à dire de sauver une vie, qui est explicitement recommandé dans la Torah : « Vous observerez mes lois et mes statuts, parce que l’homme qui les pratique obtient, par eux, la vie » (Lévitique 18 : 5) et « J’ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité ; choisis la vie ! et tu vivras alors, toi et ta postérité » (Deutéronome 30 : 19). 
Ainsi le don d’organe devrait être encouragé en prenant soin d’être totalement assuré que le donneur est décédé selon les critères de la Hala’ha. Il est recommandé de posséder une carte de donneur pour éviter toute réclamation légale ou hala’hique après le décès du donneur.


Toutes les tendances du judaïsme actuel s'accordent à dire la même chose: le don d'organes n'est pas seulement permis, c'est une mitsvah.

Pourquoi la Torah débute t-elle avec le récit de la Création ?

 La creation
 Marc Chagall

“Au commencement Elohim créa le ciel et la terre”.
Le commentaire de Rachi est très étonnant:  La Thora n’aurait dû commencer qu’à partir de « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois » (CHEMOT XII,2), qui est la première mitzva prescrite à Israël. Pourquoi débuter avec le récit de la Création ? Parce que... Si les peuples du monde venaient à dire à Israël : “Vous êtes des voleurs, parce que vous avez conquis les terres des sept nations”, on leur répondrait :
Toute la terre appartient au Saint Béni-soit-Il. C’est Lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui est droit à Ses yeux. Par Sa volonté Il la leur a donnée, et de par Sa volonté Il la leur a prise et nous l’a donnée.”
Et on découvre soudainement que l'histoire n'est pas de la petite politique contemporaire que l'on découvre chaque jour dans le journal. 
Mais la continuité est totale : toutes les nations (occidentales) tiennent ce discours, et contre Israël. Depuis si longtemps; Rachi nous éclaire et nous dit que cette attaque est normale car les nations ont été dépossédées de ce dont elles étaient porteuses. 
Elles le sentent, elles qui veulent toujours se substituer à la Torah d'Israël, lui prendre son testament, son identité, sa terre. Qui n'a pas cette formation en anthropologie; en histoire des textes, et en histoire millénaire ne peut rien comprendre de l'actualité qui se déroule dans les conflits des mémoires au Proche-orient, et dans l'attitude de l'Occident chrétien ou du monde arabo-musulman envers Israël.

Pourquoi interpréter le texte?


 Isaac Alfassi

Abrégé du Talmud BNF

Le judaïsme repose sur un enseignement écrit ou Torah écrite, et un enseignement oral ou Torah orale, littéralement "la loi qui est sur la bouche", qui devient le Talmud et le Midrach et certains textes de la Kabbale de l'époque talmudique. La Torah sous ses deux aspects est l'élément central de la vie juive, de la pratique et de l'étude.
La Tradition doit être comprise non seulement comme action de réception et de transmission, mais aussi comme création du sens. Cette "création" est en soi une forme de Révélation, qui n'est pas seulement dans la réception de la Parole révélée mais dans son renouvellement. Dans la conception talmudique de l'interprétation, le Texte est indéfini, ouvert à des interprétations toujours nouvelles, son sens demeure polyvalent, il n'est garanti par aucune encyclopédie. 
Les interprétations les plus diverses, philosophiques, symboliques, linguistiques, psychanalytiques, psychologiques, sociologiques, politiques, etc. n'épuisent à elles seules qu'une partie des possibilités du Texte, celui-ci demeure inépuisable et ouvert, et la Révélation est Révélation continuée. Le texte est en lui-même achevé, pas une lettre ne peut manquer, pas une lettre supplémentaire ne peut s'introduire et, malgré cet achèvement, il est ouvert à l'infinité des interprétations, le verbe est "comme le marteau qui frappe le rocher en faisant jaillir d'innombrables étincelles."
L'interprétation n'est pas seulement perception, elle est constitution du sens. Il n'y a pas un sens vrai du texte qui est révélé par l'interprétation, mais il y a une interprétation vraie d'un texte. Et la vérité n'est pas adéquation à quelques présignifications déjà existantes mais elle réside dans "l'ouverture à...".
Selon une expression de Lévinas, le "pouvoir dire" du texte est toujours supérieur à son "vouloir dire"

Comment vivre au sein des nations?

Statue de Themis
déesse de la Justice


"La loi du pays est la loi", "dina demal'houta dina",c’est à partir de cet adage talmudique exprimé en araméen, que les Juifs ont traversé le temps et l’espace.
Depuis l’Antiquité, cet adage leur sert de viatique dans les pays où ils s’installent en dehors d’Israël, le plus souvent poussés par les nécessités de l’exil.
Ils respectent donc les lois civiles des pays où ils résident tout en pratiquant leur spiritualité. 
Mais si un pouvoir politique tout à fait légitime par ailleurs décide d'interdire la circoncision, cette décision ne nous oblige en aucune façon. 
D'une manière générale, quitte à employer une terminologie un peu floue, les décisions du pouvoir politique concernant la vie morale et religieuse ne nous contraignent pas. 
Le judaïsme est ici scrupuleusement laïque : il n'accepte pas que le pouvoir politique empiète sur son propre domaine.

Clonage : Quel est le point de vue de la tradition juive?

Autoportrait aux masques
James Ensor
Ce qu'en dit Henri Atlan:
En ce qui concerne le clonage non-reproductif, il faut rappeler que, pour la tradition talmudique, un embryon humain n'est rien en lui-même avant d'avoir atteint une forme humaine reconnaissable, et ceci est estimé par cette tradition, après Aristote, à environ 40 jours de grossesse. « C'est de l'eau » disent les sages du Talmud. En lui-même, cet embryon-là n'est pas un être humain. Ce qui veut dire, entre autres, que sa destruction ne constitue en aucune façon un meurtre. A fortiori son utilisation dans un but thérapeutique, et encore plus s'il s'agit d'une cellule artificielle, produite à partir d'un ovule sans fécondation, à propos de laquelle on peut se poser des questions sur la légitimité de sa dénomination d'embryon, comme dans le cas du clonage non-reproductif.

En ce qui concerne cependant le clonage reproductif - et là je vais sans doute vous surprendre -, la totalité à ma connaissance, des posskim décisionnaires contemporains qui ont eu à se prononcer là-dessus ont exprimé la position suivante : si cette technique de fabrication d'enfant est appliquée dans le but de pallier certaines stérilités ou d'aider à soigner d'autres personnes, et s'il y a certitude qu'il n'y a pas de danger biologique pour l'enfant qui naîtrait de cette façon-là, alors, il n'y a aucune raison de l'interdire. Tout cela est formulé au conditionnel, ce qui veut dire qu'il n'y aurait pas de raison, ni métaphysique, ni morale, ni religieuse pour interdire la naissance de l'enfant produit de cette façon là.

Mais il existe des raisons sociales et même conjoncturelles, qui ne sont pas moins contraignantes, pour interdire cette pratique, même si cela doit être fait par la loi de l'Etat et non par la Halakha. C'est d'ailleurs actuellement le cas en Israël. Il s'agit là d'une résurgence intéressante de la distinction ancienne entre din tora et din malkhout.

Qu'est ce que la Massorah?

Le papyrus de Nash    
La Massorah est un procédé technique, consistant en un système de notes critiques sur la forme externe du texte biblique, visant à sa préservation exacte, non seulement dans l'orthographe des mots, mais aussi dans sa vocalisation et son accentuation, tant pour sa lecture publique que pour son étude privée. Cette version du texte, reconnue comme autoritaire au sein du judaïsme est appelée le texte massorétique.
La massorah est le produit d'un travail de fixation du Texte ayant été initié probablement avant la période macchabéenne, par des sages juifs, les Soferim. Ils ont compté minutieusement et pieusement le nombre de versets, de mots, de lettres dont se compose chaque livre de la Bible (Tanakh); le nombre de fois que chaque lettre, que telle construction, telle particularité graphique s'y réfèrent. Ils ont localisé la lettre, le mot ou le verset qui occupait la place central. 
D'autre part, ils ont noté avec une extrême exactitude les phénomènes grammaticaux et orthographiques des livres de la tradition écrite, eu égard aux lettres, aux voyelles, aux accents toniques ou cantilatoires, enregistrant avec une grande vigilance chaque anomalie scripturaire, sans pour autant en rechercher les causes et les motifs

Les Pratiques Religieuses sont-elles Actualisables ?

Boruch Nachson
studentorgs
Le concept de l’éternité de la Torah constitue, selon Maïmonide, un des Treize principes de la foi juive. Mais selon R. Joseph Albo, rien n’interdit qu’un jour des changements puissent être faits à la Torah.
Joseph Albo va ainsi démontrer la possibilité que la Torah soit amenée un jour à évoluer en fonction des conjonctures du temps, à l’instar de ce que nous trouvons au sujet de la consommation de la viande qui n’a été permise qu’à partir de Noé alors même qu’elle avait été interdite à Adam
Tout en considérant une évolution possible à la Torah, il sera pour autant d’avis que cette nouvelle révélation ne sera possible que par l’intermédiaire d’un prophète au moins semblable à Moïse
Par conséquent, même selon lui, l’évolution des lois de la Torah relèvent uniquement du principe mais demeure concrètement irréalisable.

Mais si le message de la révélation n’est plus audible pour les êtres humains, en tant qu’il n’utilise plus le " langage des hommes " , si cette parole ne s’entend plus aujourd’hui, elle ne peut plus s’inscrire dans l’éternité. Ainsi, envisager une évolution dans la révélation ne fait qu’attester son authenticité, et cette évolution est déjà prise en compte dans le Judaïsme. Encore faut-il savoir la trouver et comment la lire

Qu'est ce que la Shekhinah?

   kosmic-kabbalah

Le terme apparaît dans les textes de l’époque tannaïque, où il désigne la présence de Dieu dans le monde.
Les liens étroits qui existent entre D. et Israël.: le Talmud exprime ce lien en disant que la Shekhinah part en exil avec Israël, et reviendra avec Israël en Terre sainte à la fin des temps . Une tradition ancienne veut également que lorsque prévaut une parfaite harmonie au sein du couple, la Shekhinah soit présente au foyer
Dans la kabbale la Shekhinah est le versant féminin de Dieu
Selon la théorie de la Kabbale, l'unité divine originelle a été brisée dès le début de la création, c'est pourquoi les aspects masculins de la divinité, représentés par les Sephiroth Tiphereth et Yesod, sont séparés du féminin, la Shekhinah. 
C'est par un travail constant sur soi et par l'accomplissement des lois de la nature à travers les commandements divins, que se restaure l'unité originelle des dix Sephiroth et donc l'unité de Dieu

Qui est Lilith?

Lilith

Lilith est selon certaines sources midrashiques, la première femme d’Adam, avant Ève.
En hébreu Lilith est un prénom féminin signifiant la "nuit", prototype de la femme révoltée, refusant la soumission, exigeant une place égale à celle de l’homme:


"Rabbi Yehouda Bar Rabbi dit: le saint béni soit-il avait créé une première femme, mais l’homme, la voyant pleine de sang et de sécrétions s’en était écarté. Aussi le Saint béni soit il s’y est repris et lui en a créé une seconde" (Genèse Rabba 18:4)

Existe-t-il une position déterminée du judaïsme face à l'interruption de grossesse?

1er mois

Nous avons deux situations nettes et extrêmes pour lesquelles la réponse de la tradition est sans ambiguïté : tant que l'accouchement n'est pas pratiquement terminé, la vie de la mère passe avant la vie de l'enfant, et il est non seulement permis mais même obligatoire de procéder à un avortement si nécessaire. 
En revanche, dès l'instant où l'enfant est quasiment né, la mère et l'enfant se trouvent à égalité et l'on n'accorde aucune prééminence à l'un sur l'autre. Cette deuxième règle ne soulève que peu de problèmes. Lorsque l'enfant est presque né, il a le statut d'une personne humaine à part entière vivant indépendamment et il est difficile de voir en vertu de quel principe on pourrait favoriser la mère plutôt que l'enfant. Comme le dit la Michna, ``on ne repousse pas une personne à cause d'une autre''
Dans les cas où il n'y a pas de menace sérieuse pour la vie ou au moins pour la santé de la mère, l'avortement est interdit.

Quelle est l'origine du 'Bouc émissaire'?

Fichier:Azazel.jpg
Azazel et le bouc émissaire
 Collin de Plancy
Dans la description du rituel de Yom Kippour Aaron prend deux boucs et les place devant Dieu à l’entrée de la tente de réunion. Il tirera les sorts pour les deux boucs, attribuant un sort à Dieu et l’autre à Azazel. Aaron offrira le bouc sur lequel est tombé le sort « A l'Eternel » et en fera un sacrifice pour le péché.
Quant au bouc sur lequel est tombé le sort « A Azazel » on le placera vivant devant Dieu pour faire sur lui le rite d’expiation, pour l’envoyer à Azazel dans le désert.
Cette tradition est à l’origine de l’expression Bouc émissaire . Le Talmud, identifie Azazel avec une falaise du haut de laquelle le bouc était précipité. Cette version est confirmée par Rashi, qui affirme qu'Azazel signifie « falaise ». Abraham ibn Ezra pense que le terme désigne une montagne du Sinaï en particulier.

Quel est l'interdit du 'Chaatnez'?

L’interdit du Chaatnez
"Qu'un tissu cha'atnez ne couvre point ton corps".
"Ne t'habille pas de cha'atnez, mélange de laine et de lin". Le cha'atnez est donc un mélange de laine et de lin. Ce mélange, est interdit dans tous tissus entrant dans la composition des vêtements et de certains objets dont le corps tire un bienfait, comme les matelas et les serviettes ou les tissus d'ameublement
La séparation de la laine représentant le règne animal, et du lin représentant le règne végétal, nous rappelle symboliquement cette mise en garde:  Bouleverser l'ordre de la Création n'est pas sans conséquences.

Quelle est la position du judaïsme par rapport à l'incinération ?


La Genèse nous apprend que le corps humain provient de la terre et que c'est là qu'il doit retourner au moment de la mort. Selon certains exégètes, le corps doit se détruire à l'intérieur de son propre élément d'origine, excluant l'utilisation de l'eau, du feu ou de l'air. 
Cela signifie que le corps ne peut être qu'enterré. Toute accélération du processus de dégradation est ainsi proscrite, incinération comprise. Pour le judaïsme, la mise en terre avec tous ses rites d'accompagnement, exprime le respect dû à l'être humain (corps et âme) créé selon le dessein de Dieu. 


Ajoutons que la mémoire juive depuis la Shoa, trouverait une raison supplémentaire d'interdire.

L'Abattage rituel est il cruel envers les animaux?

Marc Chagall

Comment se passe l'abattage rituel?


L'immobilisation de l'animal doit être rapide et bien faite, comme c'est le cas actuellement avec le "casting penn", cette sorte de tonneau encerclant l'animal et permettant, contrairement à ce qu'affirment certains propagandistes, une immobilisation sans choc ainsi que la rotation à 180 degrés donnant le cou tendu. Ensuite, il y a l'incision à laquelle procède le Cho'het. Les prescriptions juives en la matière sont draconniennes: une lame au tranchant extrêmement fin; un geste rapide, sûr, devant être porté au tiers supérieur de la glotte, dans une région peu innervée. La douleur est du même ordre qu'une coupure causée par un objet très effilé et dont on ne se rend compte le plus souvent qu'après, à la vue du sang.

Les taux d'adrénaline et de glycémie, signes de stress. La thèse du Dr Alain Koginski  a rapporté que ces taux étaient moindres dans le cas de l'abattage après incision que dans celui après étourdissement.
On observe de meme  dans le cadre de la Che'hita une chute de la pression artérielle au niveau de la carotide et de l'artère anaxillaire (vaisseaux allant du cœur à la tête). Cela signifie que la quantité de sang atteignant le cerveau est insuffisante pour que ce dernier fonctionne.
Tout cela montre à quel point la Che'hita doit être exécutée et contrôlée avec art et rigueur. Et on peut affirmer non seulement qu'elle n'entraîne pas de souffrance supérieure à celle de l'abattage dit classique mais aussi qu'elle va plutôt dans le sens d'un plus grand respect de l'animal.

Berechit ou création ex nihilo?

Berechit
Depuis le premier tiers du XXe siècle, on sait que le monde a une origine, ce qui est une très grande nouveauté. La plupart des scientifiques et des philosophes imaginaient que le monde était éternel. Les Juifs étaient pratiquement la seule famille religieuse à dire que non, le monde a été créé, et à partir du néant, ex nihilo. Maintenant, à partir de tout ce qu’on a découvert sur le ' Big Bang ', on sait parfaitement que le monde a une origine. Certes, l’astrophysique n’a pas découvert absolument le point origine, on en est à une infime fraction. On sait que le monde débute par une fulgurante explosion ; on est parti d’une densité impensable sur une distance extrêmement petite. On sait aussi que le point origine est inatteignable pour des raisons théoriques et demander ce qu’il y avait avant n’a pas de sens, puisque le temps débute à ce moment-là.
La science sait que le monde a été créé. Cette création est fondamentale et c’est la raison pour laquelle la Torah commence par là : « Berechit bara Elokim ». « Bara » signifie créé ex nihilo et ne peut avoir que Dieu comme sujet. C’est important, la Torah n’est pas un livre de cosmologie, mais veut préciser que le monde a été créé à partir du néant. Dieu n’est pas limité dans sa création par de la matière préexistante. 
Si Dieu partait d’une matière préexistante, il serait limité par les paramètres de cette matière. Si Dieu lui-même était limité dans sa liberté, l’homme le serait d’autant plus et l’exercice des mitsvot serait impossible.

Le mot 'Goy' est il péjoratif?

l'Arc en ciel
Marc Chagall
La première référence à ce mot est biblique : dans la Genèse (10:5), le pluriel goyim , est employé pour désigner les nations, plus souvent non-israélites. Il peut toutefois être utilisé pour désigner Israël, notamment lorsque Dieu promet à Abraham de faire de sa descendance un « grand peuple » (goy gadol - Gen. 12:2) et à Israël de devenir une nation sainte (goy kadosh - Exode 19:6).


Par extension, le terme « Gentil » s’utilisera pour définir une personne qui n’est pas astreinte à la pratique des 613 préceptes de la Torah : c’est donc une personne « étrangère » au peuple juif. 

Il est admis que le terme « Gentils » sous-entende indistinctement tous les hommes et les femmes de l’humanité, à l’exception des juifs. Ce terme devient donc synonyme de « Goy ».
Il n'y a donc rien de péjoratif dans cet emploi du mot Goy

Que sont les lois Noahides?

L'Arche de Noe
Marc Chagall

1. L'interdiction de l'idolâtrie
2. L'interdiction de blasphémer
3. L'Interdiction d'ASSASSINER et de se SUICIDER
4. L'Interdiction du vol
5. L'Interdiction des unions immorales
6. L'Obligation d'instituer des tribunaux
7. L'Interdiction de consommer d'un animal vivant


Après le Déluge, Noé et ses trois fils (Chem, Ham et Japhet) reçoivent pour mission de reconstruire l’humanité et repeupler la terre. En cette circonstance, D.ieu ordonne à Noé d’appliquer « les 7 lois noahides »
La Torah stipule que tout Non-Juif qui accepte la royauté de D.ieu et s’engage à accomplir les 7 lois noahides conformément aux règles de la Torah — que D.ieu a transmise au Peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, sur le Mont Sinaï — est considéré également comme un « prêtre » et un « juste parmi les nations »

Qui est le Serpent de la Genese?

Le serpent
Mary Groom
Nahash נחש se traduit par serpent, est le mot hébreu utilisé dans la Bible pour désigner la bête connue traditionnellement comme le « Serpent » de la Genèse. C'est le Serpent qui entraine la chute d'Adam et Ève en les faisant goûter au fruit défendu


Lorsqu'Eve, la première femme, se trouva face au serpent, elle ne se trouva pas devant un animal quelconque. Elle fut en présence d'un adversaire de taille - et ceci dans tous les sens! Le serpent du récit, était un animal géant, qui marchait debout. Nous lisons, en effet, que ce fut justement suite à son intervention malveillante que D. lui ôta les pattes! Avant la faute, l'animal parlait, discutait, raisonnait, et son interlocuteur était l'être humain! Que désirait le reptile? Pourquoi tenait-il tant à ce que l'homme mange le fruit interdit? Nous lisons encore qu'il demanda à Eve si c'était vrai que D. lui avait interdit de consommer le fruit de l'arbre de la connaissance. Il s'étonna ostensiblement de ce fait. L'idée de l'interdit lui fut absolument incompréhensible. Car, comment peut-on aller à l'encontre des instincts? 
Le reptile, dans ce récit, est majestueux. Il représente le monde animal dans toute sa puissance, dans toute sa violence et surtout dans la plénitude de l'idéologie bestiale


En fin de compte, ici, dès l'aube de l'histoire, nous assistons à la lutte pour la maîtrise morale de l'univers. A qui va appartenir ce monde : à l'animal ou à l'homme? Ira-t-on vers un monde primitif et bestial ou un monde raffiné et intelligent? Est-ce que la bête devra se ranger dans une hiérarchie humaine, où elle devra se contenter d'une deuxième place, ou, au contraire, le monde sera-t-il le sien, où l'homme ne sera que l'invité, toléré seulement, tant qu'il accepte les désirs primitifs comme vérité première?

Pourquoi jeûner encore le 9 av alors que Jérusalem est la capitale réunifiée d'Israel?

Destruction du Temple de Jérusalem
Francesco Hayez

Le 9 Av de l’an -586 EC, Nabuchodonosor II, marche sur Jérusalem, détruit la ville et le Premier Temple, exilant le peuple, ou une grande partie de celui-ci en Babylonie. Le 9 Av, 656 ans plus tard, Titus détruit le Second Temple, brûle Jérusalem, et exile les Juifs du royaume de Judée. Le 9 Av est à ces titres considéré comme le début des deux exils. La catastrophe fut si terrible que les rabbins instituèrent ce jour comme jour de deuil pour la communauté d'Israël

D’autres jours de jeûne public furent décrétés, en relation avec la destruction de Jérusalem :
Au cours du XXe siècle, un état juif ayant été rétabli sur la Terre d’Israël, beaucoup de religieux furent d’avis que la commémoration de Tisha BeAv se devait d’être modifiée, voire convertie en jour de joie
Mais d'un point de vue idéologique, on ne peut pas encore dire que nous sommes arrivés à une ère de "paix". Nous devrions donc nous en tenir à la coutume des Gueonim... jeuner toute la journée à Tisha Beav 


Les juifs considèrent encore aujourd’hui le 9 Av comme un jour douloureux et de souvenir de la destruction du Second Temple, du fait que tous les Juifs ne soient pas encore réunis en Israël, que le Messie ne soit pas encore venu, et que le Troisième Temple n’ait pas encore été reconstruit.

Qu'est ce que le Tsimtsoum de la Kabbale?

Rabbi Isaac Louria Achkenazi (1534-1572) introduit dans la Kabbale la notion fondamentale de tsimtsoum. Elle concerne l’apparition du monde divin et terrestre, dont l’émergence s’assimile à une auto contraction de la divinité, tel un exil en son sein permettant l’instauration d’un espace vide.


Ce terme désigne  donc la contraction de la divinité en elle-même, contraction qui eut pour effet de dégager un certain espace intermédiaire. Dans le Midrach, ce mot était employé à propos de la contraction de Dieu à l’intérieur du Saint des Saints dans le Temple de Jérusalem. Louria en fait un tout autre usage : il voit le tsimtsoum comme une auto contraction provoquant un appel d’air et permettant l’instauration du vide.

En dehors du judaisme point de salut?


  yehoshuart

Le judaïsme connaît-il une conception équivalente au fameux adage : « Hors de l’Église point de Salut » ?
Il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné (Mc 16,15-16).



Selon un enseignement rabbinique, il est possible pour un homme de s’élever au rang de « tsadik » (juste) sans être nécessairement juif et de la sorte, être aimé de Dieu, au même titre que les justes d’Israël (Nb rabba 8:2) :
Si un homme désire être tsadik, même s’il est non-juif, il le peut. Il compte au rang des « craignant Dieu » qui, non en raison de leur origine mais en raison de leur initiative, aiment le Saint béni soit-Il. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il les aime.

Et Maïmonide d'ajouter  "La différence entre les justes d’Israël et les justes des Nations  réside dans le fait que les premiers ne sont reconnus comme tels que lorsqu’ils accomplissent la Tora tout entière, tandis que les seconds le sont dès qu’ils accomplissent les sept commandements de Noé, dans leurs diverses applications. Ceci est dit à condition qu’ils reconnaissent que cette obligation leur vient de Noé sur fond de la Révélation divine. Si tel est le cas, ils ont part au monde futur comme Israël, et ce, même s’ils n’appliquent pas certaines règles telles que l’observance du Chabbat ou des fêtes, puisqu’ils n’en ont pas reçu l’injonction"

Liberté ou servitude?

Marc Chagall
La première des dix Paroles proclame la libération de l'homme au nom de Dieu. Israël passe de la servitude au service du Créateur.


Rabbi Josué fils de Lévi enseigne:
Les tables (de la Loi) étaient oeuvre divine, et l'écriture était écriture divine, gravée sur les tables.
Ne lis pas harout "gravée", mais hérout "liberté", car seul est libre celui qui s'adonne à la Torah. Et quiconque s'adonne à la Torah s'élève 


C'est par la réception de la Torah et l'acceptation de l'héritage divin que l'homme s'élève et s'affranchit de toutes les servitudes matérielles.
Rejeter la Loi, c'est rejeter l'idée que pour vivre dans une société d'hommes libres je dois être capable de m'imposer un certain nombre de restrictions qui garantissent la liberté d'autrui. Sans la Loi, je profite certes de ma liberté, mais je ne créé pas les conditions qui permettent aux autres de profiter de la leur. Ainsi, dans une optique juive de la notion de liberté individuelle, ma responsabilité envers les autres m'impose une certaine limite à ma propre liberté

La lettre Shine a t-elle 3 ou 4 branches?

Sur les Téfilines,  sur le boitier noir de la tête, il est inscrit un Shine à trois branches d’un côté, et un Shine à 4 branches de l’autre côté : le Shine à trois branches symbolise les trois patriarches Abraham, Isaac et Jacob ; le Shine à 4 branches symbolise les quatre matriarches Sarah, Rivka, Rahêl et Léa.


Le Shine gravé sur les Téfilines de la tête a une valeur numérique de 300.


Ce chiffre correspond aux 300 jours où nous avons l’obligation de mettre les Téfilines dans l’année, sans compter les 52 Chabbatot et les 13 jours de fêtes, soit un total de 65 jours durant lesquels nous ne devons pas mettre les Téfilines.

Quel est le coeur de la Torah?

Les sofrim ont compté dans le Pentateuque 669 paragraphes, 5845 versets, 79 976 mots et 304 805 lettres consonnes
A partir de ce dénombrement, on peut découvrir le cœur de la Torah, c’est-à-dire son milieu. Celui-ci se trouve en Lévitique 10, 16, dans un verset qui, en traduction française, semble parfaitement anodin : “Quant au bouc du péché, Moïse s’en informa…”


וְאֵת שְׂעִיר הַחַטָּאת דָּרֹשׁ דָּרַשׁ מֹשֶׁה
WAT SŒYR HEtAT DRS DRS MSH
VeÈte Sé’ir ha’Hatat Daroch Darach Moché


Mot à mot : Et bouc du-péché cherché, il a cherché, Moïse.

Le mot דָּרֹשׁ, DRS, est répété avec deux vocalisations différentes :Daroch, Darach, “Cherché il a cherché”. C’est entre ces deux mots identiques que se situe précisément le milieu de la Torah :
39 988ème mot : darach] milieu [ 39 989ème mot : darach.

Enseignement d’une importance capitale : le “cœur du livre” est un espace vide qui sépare deux mots identiques dont la signification exacte est l’impératif : “Interprète !”. En effet le mot daroch oudaroch, de la racine hébraïque דָּרֹשׁ, DRS, signifie “interpréter” et a donné le mot MDRS, Midrach, qui constitue avec le Talmud l’ensemble des commentaires du texte biblique.(Marc-Alain Ouaknin)

Le Judaisme est il affaire de miracles?

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Marc Chagall

Le judaïsme est la seule parmi les grandes religions du monde à ne pas s'appuyer sur des " revendications de miracles " comme base de la foi. En fait, la Bible précise que D.ieu accorde parfois à des charlatans le pouvoir de réaliser des " miracles ", et ce afin de mettre à l'épreuve la loyauté des Juifs envers la Torah (Deutéronome 13, 4).
Maïmonide énonce (" Fondements de la Torah " 8, 1) :
" Les Juifs n'ont pas cru en Moïse, notre maître, à cause des miracles qu'il a exécutés. Toutes les fois que la croyance de quelqu'un s'appuie sur la contemplation de miracles, elle ne fait que traîner derrière elle des doutes, parce qu'il est possible que les miracles soient accomplis à l'aide de la magie ou de la sorcellerie. Tous les miracles que Moïse a provoqués dans le désert ont été mis en œuvre parce qu'ils étaient nécessaires, et non en tant que preuves de sa prophétie. 
Quelle a été alors la base de la foi [juive] ? La Révélation au mont Sinaï, que nous avons vue de nos propres yeux et entendue de nos propres oreilles, et non comme rapportée par les témoignages de tiers… ainsi qu'il est écrit : "Hachem t'a parlé face à face…" La Torah dit aussi : "Ce n'est pas avec nos pères que Hachem a conclu cette alliance-là, mais avec nous, ceux de nous qui sommes ici aujourd'hui tous vivants."

Le judaïsme n'est pas affaire de miracles. Il est l'expérience personnelle en tant que témoin oculaire de chaque homme, femme et enfant qui s'est trouvé au mont Sinaï il y a 3 300 ans.

La réincarnation existe t-elle chez les Juifs?

Guilgoul
 neopsychology

« Voyez, tout cela, D.ieu le fait deux ou trois fois en faveur de l’homme, pour ramener son âme des bords de l’abîme et l’éclairer de la lumière des vivants ». (Job, 33, 29-30)
Que la notion de réincarnation fasse partie de la tradition juive est une source d’étonnement pour beaucoup de gens. Néanmoins, elle est mentionnée en de nombreux endroits dans les textes classiques de mysticisme juif, et tout d’abord dans le livre de référence de la Kabbale, le Zohar: 
« Aussi longtemps qu’une personne ne parvient pas à atteindre ses objectifs dans ce monde, le Saint, Béni soit Il, la déracine et la replante autant de fois qu’il faut. » « Toutes les âmes sont sujettes à la réincarnation; nul ne connaît les voies du Saint, Béni soit Il! Les gens ne savent pas qu’ils sont présentés devant le tribunal avant d’entrer dans ce monde et une fois qu’ils l’ont quitté; ils ignorent qu’ils doivent subir beaucoup de réincarnations et de travaux secrets et que, complètement dépouillés, de nombreuses âmes et une infinité d’esprits errent dans l’au-delà sans pouvoir pénétrer sous le voile du Palais du Roi. Les hommes ne sont pas conscients que les âmes virevoltent comme des cailloux lancés par une fronde. Mais le temps sera proche quand on découvrira tous ces mystères ». 

La résurrection est donc le temps de la récompense et la réincarnation celui de la réparation. En d’autres termes, la résurrection, c’est la saison de la moisson et la réincarnation celle des semailles.

Voyelles ou consonnes?

 
La tradition orale (dite massorétique) fixe les voyelles du texte biblique pour imposer sa façon de le lire. Mais la tradition de la Kabbale, reconnaît au contraire la légitimité d’une lecture qui change les voyelles des mots, pour faire venir des sens nouveaux du texte qui renouvellent l’approche de la révélation divine.
"Les voyelles sont l’âme et la forme des lettres.Si le livre de la Torah n’a pas été ponctué originellement, c’est afin de pouvoir être interprété à tous les niveaux et sur tous les registres et sur tous les plans."  Rabbi Nahmanide (13ème siècle) Une première interprétation d’un mot ou d’une lettre amène à découvrir une deuxième interprétation plus profonde ; cette deuxième interprétation plus profonde à une troisième interprétation encore plus profonde, et ainsi de suite jusqu’à l’infini. Mais si le livre de la Torah était ponctué, l’interprétation serait limitée et restreinte ; comme un objet matériel ne peut revêtir qu’une seule forme à la fois, on ne pourrait donner au mot qu’une seule signification.
Cette liberté de relire est encore plus accentuée par le fait qu’en hébreu, chaque lettre est aussi en elle-même considérée comme un mot.

Comment la Torah traite-t-elle des animaux?

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Marc Chagall
Le concept juif de tsaâr baâlei ‘haïm, l’obligation de ne pas causer de souffrance aux animaux, est un des plus beaux éléments de la pensée juive. La tradition juive est remplie de compassion envers les animaux, et s’oppose fortement au fait d’infliger une douleur à une autre créature vivante. Voyons ce que dit le judaïsme au sujet de notre propre façon de traiter les animaux.
Le Judaïsme est clair en commandant l’attention envers les animaux. La Torah nous le dit explicitement : « L’homme juste prend soin de la vie de ses animaux. »  Dans le livre de l’Exode, D.ieu soutient que « Si tu vois l’âne de celui qui te hait succomber sous sa charge, et que tu hésites à le décharger, tu l'aideras à le décharger. »  Le Code de la Loi Juive établit qu’ « il est interdit, en accord avec les lois de la Torah, d’infliger une souffrance à quelque créature vivante que ce soit. En sens contraire, il est de notre devoir de soulager de la douleur chaque créature, même sans être propriétaire des biens d’un non-Juif. » 
Le Talmud explique que l’obligation de soulager un animal de la souffrance ou de lui éviter un danger prévaut sur les ordonnances rabbiniques relatives au Shabbat.

La peine de mort est elle permise dans la Torah?

La mort et le feu
Paul Klee

Pour les transgressions graves, transgressions qui remettent en cause la stabilité sociale et religieuse,la Torah prescrit la peine de mort.

La question qui vient automatiquement à l’esprit est : Ces peines ont-elles été appliquées ? Et comment ?
Il y eut sûrement quelques applications de peine de mort et la Mishnà et le Talmud en parlent. Mais en fait, ces exécutions sont d’une extrême rareté car dès l’origine les rabbins vont mettre en place un système d’une grande complexité afin d’éviter d’arriver à l’exécution. En réalité ce qui va les obséder, c’est la peur de l’erreur judiciaire et la condamnation d’un innocent.
Maintenant, sur quelles bases se convoque ce procès ? Uniquement sur la base de deux témoins, au minimum. Cependant, ces témoins doivent obligatoirement être des témoins oculaires directs. Ils ne pourront déposer que s’ils ont vus ce qui s’est passé et donc faire condamner. Il faut savoir que si l’accusé est condamné à mort, ce sont les témoins eux même qui, le cas échéant, exécuteront la sentence 
Ce sont les 23 membres du tribunal qui vont assumer le rôle de défense.Si nous y regardons de plus près ce système est fait pour que l’accusé bénéficie, a priori, de 23 défenseurs
De plus un autre principe fondamental existe : Les aveux de l’accusé n’ont pas de valeur 
Ainsi la peine de mort a été abolie, De Facto, dans son application vers 30 e.v c’est-à-dire durant la période du début de la rédaction de la Mishnà et bien avant la rédaction du Talmud. Le principe de peine de mort devient alors le “ mètre étalon ” qui met en évidence la gravité de la faute commise et non plus une peine réelle. Et cela est vrai pour toutes les transgressions où la peine de mort est requise

« Un Sanhédrin qui prononce une condamnation à mort en sept ans est appelé sanguinaire, selon d’autres opinions, une fois tout les soixante dix ans. Rabbi Tarphon et Rabbi Akivà ont enseigné : « Si nous avions siégés dans un Sanhédrin, il n’y aurait jamais eu de condamnation ». Traité Makkot (7a) du Talmud

Pourquoi 'Elohim' ,le nom de Dieu est il au pluriel?

ELOHIM
calligraphie de Frank LALOU

Elohim est au pluriel, mais il est suivi d'un verbe conjugué au singulier "bara" (créer) donc on ne peut vraiment pas tirer la conclusion d'un pluriel. Il est UN malgrè ce pluriel.
La terminaison en -im d'Elohim, qui en hébreu s'applique généralement à un nom pluriel, a été sujet à de nombreuses interprétations
Selon la tradition rabbinique, le nom de Elohim se traduit par Maître de toutes les puissances. Dieu, lorsqu'il créa le monde, mit en toute créature une certaine force. Par exemple l'homme a le pouvoir de construire, de planter, de porter, etc. 
La lune a une influence sur les marées, le soleil a le pouvoir de faire pousser les récoltes, etc. Toutes ces forces ont donc été créées par Dieu afin que le monde subsiste. Les ayant créées, il est donc le
 « Maître de toutes les puissances » existant sur terre.

Quelle est la place de la sexualité dans le Judaisme?

La mariée
 
Marc Chagall
"Il n'est pas bon que l'homme soit seul"
La notion de pêché de chair, comme pêché orignel qui à traves le Christianisme a empoisonné une civilisation entière, est inconnue dans la Torah, où le péché d'Adam n'a rien à voir avec sa vie sexuelle, l'interdiction de toucher l'arbre étant antérieure à la création de la femme. 
La séxualité la Torah la trouve bonne et nécessaireL'amour évoqué dans le Tanakh avec une délicatesse inifinie est partout présent et prend mille visage- amour discret, secret d'Isaac pour Rivka, amour passionné de Jacob pour Rachel, amour perdition de Samson pour Dalila, amour tragique de David pour Batsheva, amour baignant dans la sensualité la plus érotique du Cantique des Cantiques, où le désir s'affirme dans toute sa force:"Qu'elles sont belles tes caresses, ma soeur, ma fiancée. Qu'elles sont bonnes tes caresses, meilleures que tous les baumes."
Néanmoins jamais le Judaïsme ne montrera la moindre complaisance pour les pratiques amoureuses, exaltées dans d'autres civilisations, que sont l'inceste, l'homosexualité, la copulation avec des bêtes, la prositution sacrée, qui , comme l'adultère, sont soumis à des interdits sans appel. De même, jamais la femme, comme dans le mythe Chrétien de la Vierge, ne sera l'objet d'idolatrie. Jamais l'amour ne baignera dans les miasmes impurs de ces passions troubles où se mêlent volupté, sadisme, sang et mort. Les mythes de Don Juan et de Tristan sont étrangers à l'esprit juif. L'amour comme le corps est sanctifié et ne peut s'attacher à ce qui dégrade l'homme et l'éloigne du divin...Dans une telle perspective, l'enfant du couple juif devient bénédiction et ce n'est pas un hasard que toute l'Histoire d'Israël s'exprime en termes de Toledot, de générations.

Pourquoi deux 'Thora' pour Israel?

Rembrandt

Les sages considèrent qu’il existe deux torot : la Tora chebikhtav, loi écrite et son explication la Tora chebealpe, la loi orale. Elles sont indissociables. Pour Rabbi Aquiba cela signifie que tous les détails de la halakha ( la loi ) ont été donnés à Moïse au Sinaï. La Thora a  donc été donnée avec ses lois, ses détails et ses commentaires par Moïse . La prophétie est close et désormais les sages disposent de toute l’autorité pour nous révéler le contenu du message divin .
"La source véritable dont émanent et à partir de laquelle ont été fixées la loi écrite et la loi orale ne s’interrompt pas, elle coule en permanence. Cette grande voix ne s’arrête pas, toujours elle résonne dans son éternité. Tout ce que nous ont enseigné les prophètes et les savants de toutes les générations, toutes leurs nouveautés et leurs décrets, ils les ont reçus de cette voix qui ne cesse pas. En elle sont réunies toutes les lois, décisions et instructions et toutes les nouveautés qui apparaîtront dans l’avenir . Toutes les nouveautés formulées par les savants de toutes les générations, c’est de cette voix du Sinaï qu’ils les ont reçues". Rabbi Meir Gabbaï

Quel est le regard porté sur Jésus dans le Judaisme?

Buste de Jésus. Peinture murale dans les
catacombes de Commodilla, fin du ive siècle

Jésus : un juif comme les autres
Les rabbis ne rejetaient pas Jésus,ils l’ignoraient ! C’était, à leurs yeux, un personnage commun, banal dans le contexte de l’époque.

Tout d’abord il ne se dira jamais Messie, ni ne se définira comme tel. Il laissera, par contre, Pierre le dire ainsi que la foule, lors de sa dernière venue à Jérusalem, ce qui peut être interprété comme une acceptation implicite. 
Cependant rien n’indique qu’il se proclame ouvertement Messie à aucun moment.Par contre c’est un homme du peuple et comme tel il vivra au milieu de son peuple. Toute sa formation se fera au contact des Beth Knesset où il se rend pour étudier et lire la Torah. Or ces lieux sont les lieux du pharisaïsme par excellence. Il en assimilera les mêmes méthodes d’approche et d’enseignement comme le démontrent plusieurs épisodes narrés par les évangiles synoptiques 
Jésus est Galiléen et la Galilée est le centre de la résistance contre la domination romaine. C’est le monde des pharisiens et nombreux seront les galiléens qui seront crucifiés pendant la période de la vie de Jésus
De fait il subira le même sort que les autres : la croix, car il était une menace pour l’autorité romaine. Cette autorité, d’ailleurs, ne se privera pas de placarder sur sa croix les raisons de sa condamnation : INRI (Iesus Nazareus Rex Iudaeorum) = Jésus le Nazaréen Roi des Juifs. Condamnation on ne peut plus politique.
Il s’adresse au peuple en utilisant le langage que celui-ci comprend et qui est la prière et  l’enseignement de la loi orale ainsi que font les pharisiens. Il affirme haut et fort qu’il n’est pas venu pour abolir la loi !
Tout ceci ne fait que ramener plus fortement Jésus à son identité juive et son adhésion au judaïsme. Mais, en conséquence, cela le rend d’autant plus banal pour le judaïsme. C’est pour cela que nous trouvons si peu de références à Jésus dans le Talmud. Sa figure n’est traitée que de manière anecdotique sans susciter débat théologique, qui n’aurait pas lieux d’être, d’ailleurs, puisque Jésus reste dans l’orthodoxie de l’époque.
En fait c’est un personnage de la plus haute importance qui aura un rôle prépondérant dans cette histoire : Shaul Mi Tarshish ou, si vous préférez, Paul de Tarse.
Il va détacher Jésus de ses liens avec les juifs pour en faire une figure universelle

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